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7 octobre 2010

A la redécouverte des monastères

 

Dans une société où ils se sentent isolés, les coptes se tournent vers leurs sanctuaires.

 

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La Vie, semaine du 7 octobre 2010


Ouadi Natroun... Prononcez ces deux mots devant un chrétien orthodoxe égyptien et vous verrez aussitôt son visage s'illuminer, son sourire s'élargir. Ce nom évoque pour lui une terre de pureté, de sagesse, de miséricorde. Le refuge rêvé pour libérer le corps et l'esprit à la fois.

Ouadi Natroun, littéralement la « vallée du natron », se situe à une heure de route du Caire, en direction de la Méditerranée et d'Alexandrie. Cette terre désertique, très hostile, est un haut lieu du monachisme (cf. encadré) en Egypte. Depuis des siècles, des moines parcourent les dunes, isolés du monde, et se réfugient dans des grottes, tels des ermites. Dans la solitude et les privations du désert, ils trouvent un moyen de se rapprocher de Dieu. Une route droite traverse maintenant cette vallée, jadis seulement accessible à dos d'âne ou de chameau. Au bout du chemin, des clochers se dessinent, leur pointe fine, habillée d'une croix, semblant piquée le ciel azur.  On a l'impression de pénétrer dans une oasis. Une fontaine à eau a été disposée pour épancher la soif du voyageur qui en a désormais beaucoup moins recours que dans le passé. Quatre monastères sont ici dressés, tels des phares au coeur du désert, distants chacun de seulement quelques centaines de mètres. L'architecture y est d'un autre temps. Tout semble avoir été pensé pour permettre le recueillement. Les murs, tout d'abord, aux formes rondes, modelés à l'argile, confèrent au lieu toute sa douceur. La couleur sable des bâtiments, ensuite, donne la sensation d'un corps à corps parfait avec la nature. De l'entrée, on devine les logis des moines, de petites cellules épurées au toit en forme de dôme qui rappelle les refuges de leurs ancêtres. Le plus connu des quatre monastères est celui de Saint Bishoï. Quatre-vingt moines y vivent aujourd'hui en autosuffisance.

Il y a encore un demi siècle, les curieux n'étaient pas très nombreux, sans doute découragés par l'accès difficile au monastère. Aujourd'hui, à la faveur de cette nouvelle route, les coptes  redécouvrent ces monastères. Et se rendent par centaines à Wadi Natroun, en particulier le vendredi, le jour férié commun aux musulmans et aux coptes en Egypte. La plupart viennent chercher la Baraka, une sorte de « bénédiction » envoyée par Dieu quand un proche est malade, quand ils font face à une étape importante de leur vie, comme le mariage, ou bien encore quand ils achètent une nouvelle voiture... Pour faire face à cet afflux de visiteurs, la communauté a aménagé le lieu. Parmi les nouveautés, un jardin où d'improbables arbres et fleurs ont pris racine dans une terre pourtant extrêmement sèche. Sur l'herbe justement, une famille s'est installée. Au centre du cercle, assis en tailleur, Abouna Korollos, un moine, la longue barbe poivre et sel qui pend sur sa toge noire frappée de croix coptes jaunes. Rita, son mari Georges, et leurs deux enfants sont originaires du Caire. Ils viennent à Saint Bishoï au moins une fois par mois pour rendre visite à Abouna Korollos. « Il est en quelque sorte notre conseiller spirituel. Il nous suit, mon mari et moi, depuis notre mariage. Il connaît nos enfants depuis leur naissance, c'est donc vers lui que l'on se tourne quand on a des doutes sur le chemin à suivre dans notre vie pour être heureux. Cela peut concerner notre vie de couple, mais aussi l'éducation des enfants, les relations au travail avec les collègues... Il nous fait prendre du recul », témoigne Rita. A l'aide de paroles simples, de métaphores et de beaucoup d'humour, qui fait toute la force des Pères du désert, Abouna Korollas tente de les aider, même si bien souvent leurs demandes ne sont pas de son ressort. Pendant que Rita et son mari discutent avec le moine, leurs deux enfants tournoient autour d'eux. La visite à Saint Bishoï est pour les coptes avant tout  l'occasion d'un grand bol air, partagé en famille.

La minorité chrétienne représente en Egypte 10% de la population. Face à une société égyptienne qui tend à s'islamiser de plus en plus, elle se sent souvent à l'étroit. Pour exprimer leur différence, les chrétiens ont, tatouée à l'intérieur de leur poignet, une petite croix. Leurs téléphones portables sont quant à eux ornés d'autocollants de la Vierge Marie ou de leur saint patron. Et lorsqu'ils sonnent, ils inondent les alentours de chants religieux... Beaucoup de coptes ont le sentiment d'avoir été, au moins un jour dans leur vie, discriminés en raison de leur religion, lorsqu'ils doivent acheter un appartement ou passer un entretien d'embauche, notamment. Ils reprochent aussi au président égyptien Hosni Moubarak d'exclure leur communauté des postes clef du pays. Conséquence, ils sont de plus en plus nombreux candidats à vouloir émigrer en Europe ou aux Etats-Unis. Dans leur quartier de Shobra, qui abrite à la fois des coptes et des musulmans, Rita et Georges n'ont pas le souvenir d'avoir été discriminés.  Ils constatent cependant qu'un fossé est en train de se creuser entre les deux communautés. « Sur internet circulent des films de propagande très violents parfois à l'encontre des chrétiens, parfois à l'encontre des musulmans. Ils sont financés par une poignée d'extrémistes qui de chaque côté veut semer le trouble. Le problème, c'est que tous les jeunes les regardent et y croient, c'est inquiétant pour l'avenir ». Dans l'église du monastère, un groupe d'adolescents entonnent en coeur des cantiques. Parmi eux, certains garçons réfléchissent à devenir, à leur tour, pères du désert. Le nombre de vocation dans les monastères a explosé en Egypte à tel point qu'à Saint Bishoï, de nouvelles cellules ont dû récemment être construites.

La tradition du monachisme en Egypte

Le monachisme chrétien est né en Egypte par l'intermédiaire de Saint Antoine qui se retira dans le désert non loin de la mer Rouge à la fin du IIIe siècle après Jésus-Christ. Il est considéré comme le premier moine chrétien.  Ses disciples ont commencé à peupler le Ouadi Natroun après sa mort.   Ils voulaient non seulement vivre une vie monastique mais aussi échapper aux persécutions romaines.  Le plus connu d'entre eux est Saint Bishoï. Ce moine fut l'un des premiers à trouver refuge dans ce désert, connu à l'époque des Pharaons pour le natron un minéral avec lequel les Egyptiens procédaient aux momifications. Sa simplicité et son hospitalité, malgré une vie ascétique, font de lui un modèle de vie pour les coptes orthodoxes égyptiens. Au Ve siècle, cette région comptait près de soixante monastères. Aujourd'hui, il en reste quatre principaux dont le monastère Saint Bishoï où est conservée la relique du moine.

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C
Vous êtes invité à visiter mon Blog.<br /> <br /> Mon Blog présente une nouvelle théorie mathématique de la conscience: LE CODE D'EINSTEIN, Plus spécifiquement la page:CHAMPLAIN-GHOST.NERON,HISTOIRE(fermaton.over-blog.com) et celle:LOTO-GORILLES-ADN:HASARD.<br /> Par la présente, j'aimerais si vous le voulez bien que les gens de votre communauté me fassent parvenir des commentaires.<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Clovis Simard
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