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6 avril 2011

De la nouvelle Egypte a la nouvelle Libye

Le dépaysement aura finalement eu lieu des l'atterrissage au Caire. L'air est étonnement pur. Pas d'odeur de pots d'échappement qui rend la tête lourde, pas de poussière qui prend a la gorge. On respire. Visionnaires les Egyptiens qui criaient place Tahrir 'Moubarak dégage, on veut de l'air'...

Au centre-ville du Caire, les chars militaires qui ponctuaient chaque carrefour ont disparu. Rue Mohamed Mahmoud, qui mène à la place Tahrir, je parcours des yeux les batiments a la recherche des stigmates des combats. J'ai besoin de rassembler mes souvenirs comme on rassemble de vieux cliches bien soigneusement dans une boite pour les retrouver facilement. Mais au lieu de destructions, je découvre, au contraire, des nouveautés. Hardees, un fast food aux vitres cassées et aux meubles pilles qui faisait office de latrines pendant la Revolution a rouvert. Le patron en a profite pour redonner un coup de jeune a sa boutique. Nouvelle vitrine, nouveaux éclairages. Les Egyptiens s'y pressent en famille. La vie a repris son cours, le temps a fait son œuvre, pansant les blessures.

Un peu plus loin, sur un trottoir, un forain a installe son manège papier mâché. Avant la Révolution, cela lui aurait valu une amende et une nuit en fourrière pour sa machine infernale. Aujourd'hui, personne ne dit rien. 'C'est ca la liberté !' lance notre chauffeur de taxi. Les enfants s'y balancent dans des nacelles en forme de petits bateaux feignant de culbuter les voitures qui tentent de se frayer un chemin sur la route.

Aux abords de la place Talaat Harb, des marchands ambulants vendent des T-shirt frappes des phrases 'vive la révolution', 'vive le 25 janvier', 'vive l'Egypte'. Les touristes ne sont pourtant pas la, ils ont déserté le pays troquant leur voyage chez les Pharaons pour une autre destination tout aussi exotique.

L'Egypte est un nouveau pays. Même les regards ont change. Dans la rue, on ne regarde plus ses pieds, on regarde droit devant. Etait-ce un nouveau pays ou plutôt la vraie Egypte, celle qui se cachait sous le vernis de la dictature ? Je ne sais plus. J'imagine le choc pour l'Egyptien qui a quitte son pays avant la Revolution et revient maintenant. Son pays est devenu une longue page blanche.

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Apres l'Egypte, l'orage est parti, plus a l'ouest, en Libye. Une semaine après la Revolution egyptienne, les Libyens sont sortis dans les rues pour crier leur colere. Pour trouver du courage ils se répètent : 'Nos deux voisins, l'Egypte et la Tunisie, l'ont fait, pourquoi pas nous ?'

Dans quelques heures, nous embarquerons pour Benghazi. Faute de touristes qui leur demande de les emmener aux pyramides, les chauffeurs de taxi sont devenus les assistants des reporters de guerre. Ils leur proposent d'emmener les journalistes à la frontière avec la Libye, pour un voyage de huit heures.

Notre chauffeur s'appelle Salem. Le trajet, il le connait par coeur, c'est devenu son gagne-pain. Une fois a la sortie du Caire, aux portes du désert, il commence a accélérer et telle une catapulte, le véhicule déchire bientôt le paysage ocre. Le compteur affiche bientôt 180km/h. Un peu secoues, nous arrivons cote libyen. Pour les six heures de route qu'il nous reste jusqu'à Benghazi, Mohamed, 50 ans, un instituteur au chômage technique, sera notre chauffeur. Depuis le début de la révolte en Libye, il emmène au Caire des familles libyennes qui cherchent a fuir le pays. En guise de bienvenue en Libye, il allume l'autoradio pour nous faire écouter « Zenga zenga », la chanson des révolutionnaires qui se moque des discours de Kadhafi. Ca le fait rire. Il nous parle de son métier d'enseignant avant la Revolution : 'On devait faire lire aux enfants le livre vert. Avec son livre, Kadhafi a détruit l'éducation'.

De nouveau le désert. Cette fois-ci le sable côtoie l'eau, la mer d'un bleu azur. A deux heures de Benghazi, le paysage change soudainement. Des fleurs commencent à poindre, puis des arbres, puis des étendues d'herbe. Au fur et a mesure que la végétation sort de terre, les habitations se multiplient. On appelle ces plaines vertes Gabal el Khadra la 'montagne verte'. Il fait désormais froid, des trombes d'eau commencent a tomber. Des maisons s'échappent des feux de cheminée. On se croirait dans une contrée d'Europe de l'Est. Avec ce nouveau paysage, apparaissent les fameux pick-up qui transportent les lance-roquettes. Au volant, des apprentis soldats de la nouvelle Libye. Bienvenue en 'Libye libre'.

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