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19 avril 2012

Le peuple est favorable à un candidat fort

Arte : A quelques semaines de l'élection présidentielle, la commission électorale égyptienne vient d'exclure 10 candidats sur 23, dont les 3 grands favoris. Cette redistribution des cartes peut-elle changer radicalement la donne ? Le pays est-il prêt pour cette élection cruciale ? Pour répondre à ces questions, ARTE Journal s'est adressé à Marion Touboul, correspondante au Caire.

Un constat positif : depuis la révolution, la population égyptienne semble avoir repris goût à la politique.Fanny Lépine pour ARTE Journal : la décision de la commission électorale égyptienne peut-elle changer la donne, à quelques semaines du scrutin présidentiel ?

Effectivement ça change beaucoup la donne parce qu'on s'attendait à voir Khairat al-Chater, le candidat des Frères Musulmans s'en sortir haut la main et sa candidature a été annulée, donc ça change forcément la donne. Maintenant les deux candidats les plus probables ce sont Amr Moussa, l'ancien chef de la Ligue arabe et Ahmad Chafiq, l'ancien premier ministre. Ces deux candidats en sortent valorisés.

Peut-on dire qu'il y a une manœuvre de l'armée, qui assure toujours la transition en Egypte, derrière cette décision ?

Il se pourrait effectivement qu'il y ait une manœuvre non pas de l'armée mais du Conseil militaire qui gère le pays depuis un an. Certains observateurs disent que le Conseil militaire a fait pression sur la commission électorale pour obtenir ces disqualifications mais c'est très difficile à prouver. En tout cas, il est clair que l'armée n'a pas envie de rentrer dans ses casernes. Le Conseil militaire fait tout pour rester au pouvoir ou en tout cas pour assurer ses arrières. Il faut savoir que l'armée n'a pas intérêt à quitter le pouvoir car sinon elle sera jugée pour toutes les exactions commises depuis un an.

Le peuple ne risque-t-il pas de se sentir trahi et de provoquer de nouvelles violences ?

Le peuple est divisé en deux. Il y a d'une part ceux qui ont fait la révolution et les Egyptiens lambdas qui souhaitent un retour à l'ordre le plus vite possible. Donc même si les révolutionnaires ne veulent pas de l'armée, le peuple lui est plutôt partagé. Les gens me disaient que si Omar Souleimane, l'ancien proche de Moubarak, pouvait se présenter, ils auraient voté pour lui puisqu'il est à même de garantir l'ordre. Donc c'est une recette connue et pour les gens c'est toujours mieux qu'une recette qui n'a jamais été faite, c'est mieux que la recette islamiste par exemple.

Et les révolutionnaires, est-ce qu'ils pourraient redescendre dans la rue ?

Oui, on s'attend à cela les prochains jours. Vendredi, il y a un grand rassemblement qui est prévu une nouvelle fois sur la Place Tahrir. Mais les revendications pour ce rassemblement sont assez floues. Il y a d'une part bien sûr, les supporters des candidats disqualifiés qui veulent descendre dans la rue et il y a de l'autre côté tous ceux qui ont fait la révolution qui veulent manifester pour préserver la révolution, disent-il. Mais, cela reste très flou.

Les Frères Musulmans restent-ils les favoris de ce scrutin ?

Maintenant le candidat des Frères Musulmans, c'est Mohammed Morsi, qui est moins charismatique, moins suivi par le peuple (que Khairat al-Chater NDLR). Comme je vous l'ai dit, le peuple est favorable à un candidat fort, même s'il est issu de l'ex-régime, un candidat comme Ahmed Chafiq ou Amr Moussa, plutôt qu'un candidat des Frères Musulmans. Il faut savoir que les Frères Musulmans sont au pouvoir depuis six mois et il n'ont rien fait. Les gens ont effectivement voté pour lui aux élections législatives mais là ils hésitent à leur redonner leur voix.

Le pays est-il prêt pour un scrutin aussi crucial que l'élection présidentielle ?

Oui, le pays est prêt. Ce ne sera peut-être pas le meilleur président de l'Egypte. Les gens sont conscients de cela mais au final ce n'est pas ça qui compte mais le chemin parcouru par les Egyptiens depuis cette révolution, le fait qu'ils descendent dans la rue, le fait qu'ils discutent, qu'ils débattent. Pour avoir un président parfait, c'est plus compliqué et puis c'est tôt après toutes ces décennies de dictature. Ce président sera ce qu'il sera mais ce qui est acquis, c'est que les gens débattent, parlent de politique en permanence. Là, il y a une vraie évolution.

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