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25 juin 2007

Sinaï, nous voilà !

21 juin 2007 Dans les coulisses de mon reportage au Mont Sinaï, en Egypte, pour La Vie, sur le thème « prenons de la hauteur… ». Ma mission : Faire le portrait d’un moine grec orthodoxe du monastère de Sainte Catherine, en plein cœur du désert du Sinaï, à deux heures de route de la civilisation. Un photographe américain qui habite à Amman me rejoindra sur place. Premier défi : Se rendre en Egypte depuis Amman. Entre la Jordanie et le désert du Sinaï : la mer rouge. Pas besoin d’aller jusqu’au Caire en avion, je décide d’emprunter les ferries qui traversent les deux pays, à partir d’Aqaba, au sud du pays. Se rendre à cette station balnéaire est aussi simple que fatiguant. Dans les deux gares routières d’Amman des taxis proposent de vous y emmener pour des prix modiques. Mais le trajet n’en reste pas moins très long : 4 heures de route en plein désert de poussière où chacun redoute une panne. Plus on descend au sud, plus la température augmente. PICT1153 Il est dix heures. Notre chauffeur s’arrête au plein cagnard : pause prière. Les hommes partent se réfugier dans une petite barraque qui sert de mosquée. Je patiente quant à moi dehors avec un touriste Japonais visiblement lessivé par la chaleur. Pour un homme seul, la prière aurait duré 5 minutes. Mais quand ils sont plusieurs, ils aiment bien jouer à celui qui priera le plus longtemps. Du coup, ils nous reviennent que 40 minutes plus tard…Le bateau pour l’Egypte part à midi et nous avons encore beaucoup de route à faire. Je ne veux pas imaginer le louper. Cela voudrait dire que je dois prendre celui de minuit qui arrive en Egypte … à 5 heures du matin. Impossible. Midi moins dix. Le bateau affrété est toujours là, des centaines de personnes attendent sous un préau de fortune, les femmes couvertes de la tête au pied tentent de calmer leurs enfants qui s’impatientent. Le "princess" s’empiffre de voitures dont les toits croulent sous les bagages. C’est la grande traversée. PICT1165 Il est trois heures quand nous jettons finalement l’ancre… Dans le bateau, je devine les sourires des femmes sous leurs voiles noires. Elles se demandent qu’est ce que je peux bien faire là, où peut bien être ma famille… Je m’assois à côté du Japonais du taxi, histoire de passer comme simple touriste, de ne pas m’afficher seule. Il faut autant de temps aux douaniers de checker la « wanted list » de tous les terroristes en fuite, que la traversée elle même en bateau : une heure. Un pied dehors et ce sont des dizaines d’Egyptiens qui vous sautent dessus : « welcome to Egypte ! taxi ? taxi ? ». Welcome to Egypte ! Deux nouvelles heures de route, encore une fois, dans le désert, sont nécessaires pour se rendre au Monastère de Sainte Catherine. Seuls les checkpoints sont des liens avec la civilisation. On y croise des policiers qui s’ennuient. C’est eux qui tendent des billets au chauffeur pour qu’il leur ramène tour à tour un journal, des cigarettes , un sandwich… J’explique au taxi la raison de ma venue au monastère mais m’informe, catégorique : « Le monastère ferme à 5h , et demain c’est vendredi, il sera aussi fermé ». Grand soupir… Là encore, je ne peux pas imaginer ne pas identifier mon moine pour le portrait ce soir ou demain. Le monastère est comme posé dans le creux de deux montagnes, entouré par des policiers qui se demandent ce qu’une touriste seule peut bien venir faire là, surtout pour 3 nuits à l’auberge du monastère… Le site est splendide, il s’en dégage une quiétude, idéal pour notre reportage « prenons de la hauteur ». Coup de chance ! Je croise le soir même le père supérieur qui accepte d’être le héros de notre portrait. DSC_0754basse_qual Me voilà seule, un soir de fête de la musique, au milieu de nulle part, dans une petite chambre, à peine plus grande qu’une cellule de moine. Le lendemain, je discute deux longues heures avec notre moine. Puis le photographe me rejoint. Quel drôle de personnage ! Un Mickael Moore, dégoulinant de sueur. Le very slow boat de minuit, que je dédoutais tant, a eu raison de lui. Courbé par la fatigue, il arrive à peine à porter son énorme sac. Et ses kilos de matériel photos. « J’ai eu le temps de nous acheter une bouteille de vin français à Aqaba ! dit-il fièrement. Quel est le programme ?" Au moment de la première séance photos avec notre moine, le contraste entre les deux homme est frappant : L’un, maigrelet, plutôt timide, marche avec une vraie aisance dans les rochers aux alentours du monastère, quand l’autre, plutôt bavard et peu discret, bute contre toutes les pierres. On ne peut pas dire que le courant passe entre la communauté et notre américain de photographe. Et personne n’ose lui dire que sa braguette est ouverte. Le lendemain matin, je le surprends à la porte de l’église, en train de guetter la messe de 6 heures quand je vois les 20 frères de la communauté,dont notre père supérieur, lui tomber immédiatement dessus : « On vous avait dit « pas de photos pendant la messe ». C’est terminé !! Il vous faudra payer désormais pour photographier le monastère ! Vous n’êtes plus les bienvenus ». Panique. Il est 7 heures, nous venons à peine de commencer le reportage quand nous songeons déjà à décarpir. Nous sauvegardons toutes les photos déjà prises sur mon ordinateur. La zone est truffée de policiers et s’ils apprennent ce petit accrochage avec la communauté ils pourraient demander à s’en saisir. « S’ils te demandent où elles sont, tu leur dis que je les ai déjà envoyées avec mon téléphone portable ». L’ascension Seule solution pour avoir davantage de photos :gravir le Mont Sinai, à 2250 mètres d’altitude. A défaut de notre moine, nous aurons ainsi des photos de pèlerins qui « prennent de la hauteur »… L’ascension s’effectue de nuit avec un guide bédouin. Départ fixé à 2h. Alors que je vais me coucher, appel téléphonique de Fanny. Elle est au parc des Princes au concert de ses rêves. "Ecoute, c'est Archiiiiive !!!" You make me feel, Archive Sur le chemin du sommet, le photographe est vite dépassé. « Je te laisse mon appareil et tu fais les photos au sommet. Je t’attends là », propose-t-il avec humour. Nous reussissons finalement à lui trouver un dromadaire. Sur le dos de sa monture haute de deux mètres, il compte les étoiles filantes... Trois heures passent ainsi jusqu’au lever du soleil. Nous découvrons tous les sommets alentours, le spectacle est grandiose. Une cinquantaine de pèlerins nous entourent. Le photographe, qui a adoré son ascension bestiale, se déchaîne. DSC_0815basse Nous quittons l’Egypte une fois rescendus. S’en suivra un voyage rocambolesque : 4 heures de retard pour le bateau. Quand nous arrivons enfin en périphérie d’Amman, à quatre heures du matin. Je suis en train de dormir à l’arrière du taxi quand la voix du photographe me réveille. Il parle à sa femme : « Quelque chose cloche avec le chauffeur. Il est vraiment bizarre. Il ne veut pas nous ramener dans Amman. S’il continue j’appelle la police. ». Mon sang se glace. Que peut-il encore se passer si proche du but ? Le chauffeur range finalement dans un coin de sa tête ses mauvaises idées et finit par nous ramener à bon port. Au moment d’ouvrir la porte de chez moi, je m’aperçois que ma colocataire a laissé ses clefs dans la serrure à l’intérieur. Impossible de rentrer. Je vais dormir chez une amie.
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