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29 janvier 2009

Depuis Gaza

Se rendre à gaza serait-il perçu comme un rite de passage quand on est apprenti journaliste ? L'expérience questionne en tous cas. A tel point qu'Arte Info m'a demandé de joindre un papier "impressions" à mes sujets vidéo...

Gaza, pour la première fois

De l'Egypte à Gaza

L'attente
Cela vaut-il vraiment le coup ? Que ferai-je là-bas si tout est fermé ? Je me suis posée ces questions mille fois avant de finalement partir du Caire pour Rafah, la ville à cheval sur l'Egypte et Gaza. Ici se trouve le point de passage pour entrer dans la bande de Gaza. Une frontière qui a ouvert exceptionnellement pendant les bombardements israéliens pour laisser passer des camions d'aide humanitaires. Les journalistes n'ont pu y passer qu'une matinée depuis le début des attaques... Je m'y rends donc sans trop y croire, en ne prenant pratiquement pas de vêtements de rechange. Je me retrouve parmi une centaine de journalistes qui attendent, pour certains, depuis près de trois jours. A cette frontière en plein cagnard, on tue le temps comme on peut. La palme revient aux journalistes venus d' Indonésie qui, très zen, ont passé leur journée à écouter les Beatles assis par terre...

Le passage
Alors que le soleil commence à se coucher, certains journalistes repartent, découragés. Je pense également à repartir moi aussi lorsqu'un soldat s'approche de la barrière et demande aux journalistes d'entrer. Notre passeport à bout de bras, nous courons et pénétrons tous dans le terminal dans une bousculade digne d'un premier jour de soldes. Il faudra deux heures d'attente et d'angoisse pour obtenir le fameux tampon de sortie de territoire. Pour certains confrères, dont le dossier afin d'entrer dans la bande de Gaza, n'est pas complet, ce sera retour au Caire.

Arrivée dans la bande de Gaza

La route en taxi
Quand je sors du terminal, il fait nuit depuis déjà longtemps. Je partage un taxi avec une consoeur irlandaise, habituée aux terrains de guerre. Direction Gaza City. J'aperçois des maisons en ruines. La voiture coquète sur la route défoncée. Des odeurs pestilentielles se dégagent de dehors: « Comment être sûr que ce n'est pas l'odeur des corps sous les décombres... » me lance ma voisine.

L'hôtel
Le taxi nous dépose devant un hôtel, tout confort, le « Al Qods » (Jérusalem). Une jolie bâtisse, avec des moucharabieh, ces grillages en bois sculptés, disposés à l'accueil. La nuit coûte ici 100 dollars. Un peu cher, mais il n'y a pas le choix. Des employés en costume trois pièces nous portent nos sacs dans la chambre. Je reste bouche bée devant ce luxe... Dans la chambre, je tire les rideaux. Des sacs plastiques ont été installés la place des vitres. Je comprendrai plus tard en me promenant au centre ville que je ne suis pas la seule dans ce cas. Les vitres ont tout simplement été soufflées lors des bombardements. Même ma collègue, qui a pris une splendide suite, n'a plus de fenêtres...

Une vue hors du commun
A 6 heures du matin, je suis réveillée par incroyable vacarme. On aurait dit qu'un feu d'artifice était tiré devant ma fenêtre.. Je regarde à travers les sacs de plastique. Je découvre que j'ai vu sur la mer... Et que le bruit vient bien d'ici. Des missiles sont tirés par des israéliens pour repousser des pêcheurs palestiniens, sur leur petit bateau. Ces derniers semblent très têtus et ne veulent pas se reculer au delà d'une bouée blanche. L'invraisemblable bataille va ainsi durer près de deux heures...

Les Gazouis, entre détresse et espoir

La détresse de la famille Samouni
Quand elle raconte au drame qu'elle a vécu, Amel, 10 ans, reste de glace. Cette petite fille a vu les soldats israéliens abattre sa mère, son frère, ses cousins, ses tantes... Elle habite dans le quartier de Zeitoun, à Gaza ville. Amel me parle de Condoleeza Rice, de Barak Obama, de stratégies militaires, politiques. Quand on lui demande pourquoi elle ne joue pas plutôt à la poupée, comme les autres enfants, elle répond : « Je n'en ai plus, les Israéliens les ont cassées ».Je découvrirai que beaucoup d'enfants sont comme elle, très mûrs avant l'âge.

La vie qui reprend
Après deux jours passés à Gaza, je réalise que je passe la journée à voir des ruines, mais que j'ai pourtant le sourire. C'est que, malgré la tragédie qu'ils viennent de connaître, les Gazaouis sont très souriants. Ils mettent toute leur énergie à refaire surface. Dans le grand souk de Gaza, ils m'invitent à partager une mahalabeya, un dessert très répandu au Moyen Orient, qui rappelle un peu le riz au lait.

Islam, l'interprète
Lors de mes reportages, j'ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner. Cette personne, Palestinienne, sera chargé de traduire certaines interviews, de me faire rencontrer les personnes souhaitées. La qualité des reportages dépend en grande partie de cette personne, de sa bonne volonté à trouver d'innombrables, en permanence, des solutions... Islam, un étudiant en français, m'accompagnera. Bonne pioche ! Il fait preuve d'une rare patience. Une fois mon sujet tourné et monté, je dois trouver une manière de l'envoyer en contactant une télévision locale à Gaza. Or, sur mes 3 téléphones, pas un ne fonctionne ! C'est donc lui qui s'est chargé de me trouver un créneau pour envoyer mon sujet par satellite.
A la fin de notre collaboration, je lui ai demandé s'il avait le souhait de venir en France. Sa réponse était lourde de sens : « Paris, Gaza, New York, peu importe pour nous. Une ville agréable pour nous est une ville où l'on est en sécurité ».

Marion Touboul


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Commentaires
F
bravo Marion pour tout ce travail!<br /> J'espère que tout se passe bien au Caire, et tes cours tout ça! ici tout va bien, je suis un peu débordée mais j'avance doucement. C'est génial que tu aies pu aller à Gaza, je t'envie.<br /> plein de bisous<br /> fanfan
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